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01/09/2020

Contre-allées #41

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Revue Contre-allées 

06/08/2020

Les rubans

Le tamier est une plante liane,
un ruban flottant entre la terre et la lune
des histoires en assemblée de femmes, des dianes
remarquables leurs feuilles en forme de cœur
tamier qu'une brise agite à la percussion
en rythme désiré faux rythme jusqu’à l’agacement.
Les sous-bois en regorgent et à midi dans l'univers
– être encore dans le sous-bois à cette heure-là –
plus rien d'autre n'existe que le murmure
des taches de lumière sur ces cœurs verts
dans l'ombre tendue propice comme un théâtre
à la répétition émue des souffrances des plaisirs des souffrances.

 

 

 

 

L’émotion et c’est un ruban qui reste
du chemin, de la route, du trajet
en compagnie altière dans l’attente d’un geste
(et des nuits marquantes sous l’œil de Polaris)
contenu en chacun de ses atomes
inscrits de tout leur poids objectif ressenti
partout autour, alors pourquoi vouloir
attendre l’arrêt céleste.

 

 

 

 

Va au jardin sur les pas de ta fille
quand elle cahotait en menant son ruban
qui se teintait de jus d’herbe et de terre,
puissante l’attraction et le risque sanglant
ajoutés à la neuve question de l’équilibre.
Tu n’étais pas comme une aveugle
dans un pré idyllique où quelque chose
craquait sous la dent à l’heure du fruit
mais brûlait, brûlait, sans signification.

 

 

 

 

Pourquoi cet affreux mascaron livrant la source
quelle rage à tordre le laiton l’eau tombe en ruban
et dans l’allée on trouve des hommes à figure
changeante à la lumière, regards muets poings
longs à défaire sous la langue nouvelle
tantôt des bribes ou des balafres repoussantes
pour des histoires sues de toute éternité
mais qu’est-ce qui filtre entre leurs paupières
quelles âmes pour quels corps se tordent
au bord du précipice des jours on veut tomber.

 

 

 

 

Je vous souhaite de ces collines aux jeunes arbres
quand le silence est la dernière phrase faite
à cause du désarroi ou de l’admiration
on marche au hasard, le soleil veille inutilement
des siècles avant la justice au plaisir d’un chêne
encore souple avec le vent, prendre contenance
tandis que le silence rôde mais regarde,
de tout son corps en balancelle sur un ruban
à la fine écorce son aubaine offerte
d’être bercée en rythme le dos sur la caresse
à l’impudeur impossible je ne fais que penser.

 

 

 

 

Pogostemon cablin, et déjà l’échafaud.
Retrouvé par hasard dans l’air d’une rue froide
il me rappelait, je crois, une foison vivante
librement prise entre nos étables et nos caves,
cette odeur que l’on traînait comme un ruban
qui ne me lâcherait jamais, une seconde peau ainsi
vous ne savez pas ce que vous dites, vous cherchez
en parant déparant au gré, l’échappatoire.
À ses images qui vous dérangent
ses légendes neuves pyramides anciens savoirs
sont consacrées des heures plutôt qu’à l’étrange
agression du patchouli sur une peau aimée.

 

 

 

 

Du temps en foule au café apprendre encore
à supporter la vue du sable qui s’écoule
et de son inexorable ruban
d’un joli beige vanité entendre
le son feutré d’une scie d’une meule
y passe tout un futur ossuaire
sous le brouhaha des conversations
sont-elles proches elles sont loin
mais entre leurs ressorts qui grincent monte le rire
né de tant de sérieux à discourir au sujet
d’un monde devenu incompréhensible.
Une langue de désert s’ouvre.

 

 

 

 

Le privilège de la nudité après tout ce temps
c’est comme lorsque un cerisier se saigne encore
de toute sa pesanteur outrée de rouge sombre
– mais pulpe dilapidée en toute conscience
voir enfin écrites les connivences dans l’ordre.
Honorer, à pleine main, la finesse de la vie,
ou les yeux fermés une marche triomphale
sur un pavement millénaire, le fruit fendu
décrit derrière soi en longs rubans
interdite de rien
– solitaire –
voici le sang toujours cette allégresse.

 

 

 

 

De l'attrait surnaturel pour les soirs d'été autour du solstice,
il y a parfois en des années étranges
répondant à l'étrange, le rêve
comme de Möbius le ruban,
d'une douloureuse adéquation
entre l'âme et le ciel bleu diaphane
dilatés en séduction jusqu'au ventre
puis des tas d'étoiles déjà très peu pâles
pour excéder en somme la fausse transparence.
Je me suis vue rester là, des nuits, belle et absurde
interrogeant un fauteuil vide porté dans l'herbe,
et le recès de l’ombre s’avançait vers moi.

 

 

 

 

Des mois des ans ont passé, je crains le regard
qui accuse en bien en mal le poids les ans
c’est aussi le mien, coup d’œil muet, sans égard
d’un coup frappant le front, au marteau est le temps
au ciseau ou ses doigts, à la métamorphose
d’une image grouillante d’affections venimeuses,
d’un coup sont arrêtées l’embellie, la névrose ;
trois coups encore, le rideau s’ouvre, l’acte commence.
Mais une seule rencontre obscure parfois suffit
à reformer une vérité établie :
un vaisseau femme un homme inattendu
sans âges tout à coup que voient-ils l’un de l’autre
nulle histoire possible et ses heures plus hautes
le salut à des traits peut-être, des éperdus.
Il faudrait un ruban, un mouchoir à tomber
pour d’une péripétie un merci très beau
s’en remettre à la vie – ce don – et vaciller.

 

 

 

 

J’ai connu des vergers d’industrie, fruits à perte
ou vergers pauvres, des fruits partout du jus en eau
à pourrir dans la terre chaude et verte
tout était vrai, poussière, on riait c’était beau.
Entre quatre murs poussent des civilisations
où le fruit devient globe posé sur une assiette,
pêche pelée en ruban puis petites portions
arrachées au noyau, œil, lenteur d’ascète
mais sur la pointe il reste un peu de chair – trop mûre
ou pas assez – alors se voir tailler, lécher
et en enfant sauvage aimer la nourriture.

 

 

 

 

Province vue d'ici province à demi-tue
un saurien entre deux eaux, griffes sur vertus
voyez les tableaux peints à la hâte des siècles
la béatitude des hirondelles le cri
quand vous passez dérangeant la rue vide
et dans les ombres où l'on se crispe, la bouche humide
les yeux fiévreux, à délacer les rubans gris
province à demi-nue mortellement heureux.

 

 

 

 

Dimanche, quel imaginaire
surgit, prophétise
dans la page atone de la semaine
un calme de Colorado ?
Plus un seul mouvement sur la terre
à peine un souffle de vent qui soulève
un ruban de poussière, ce qu’il attise
– les cinq sens saturés, l’esprit avide encore
empruntant à l’animal d’être seul, alerte
entre gîtes et foyers, flairant les accords
des âmes cachées dans la peupleraie déserte,
aller d’un signe à l’autre, un nom, une porte
ici du linge sèche, comment vivre là
être partout étranger, familier.

 

 

 

 

Questeur des murailles,
pas de sot métier appris des circonstances,
la pâture aux sensibles est n’importe où
dans une attente les dents serrées sous le soleil
comme fauve enfant d’un grand espace étouffant ; 
alors femme fauve se rue entre les murs épais
pour être toujours attachée
d'un ruban liquide d’ombre et de fraîcheur,
combien désireuse à cette brusque mante
des mains d’un invisible pêcheur.

 

 

 

 

Une feuille détachée de l’arbre est immobile dans l’air, on la sait suspendue à un fil d’araignée ; mais ce phénomène infime, vide de secret, parvient toujours à défaire la conscience des choses et plaire. Comment la magie profonde du monde ne nous quitte-t-elle jamais tout à fait ? C’est une question de vie ou de mort me dit la sagesse qui me vient à l’âme entre deux états de mon âme : rappelle-toi jusqu’à la douleur dans tes mains quand tu les tords l’une sur l’autre en profonde prière ; comme alors le plus petit atome qui est la pensée entière de ce qui t’importe, peut avoir la puissance d’un aimant dans toute ta pauvre cervelle qui peine à assembler jusqu’au bout les pans de cathédrale qu’elle imagine pourtant si bien. Comme le poids irrésistible d’une pensée peut fendre l’amas insondable de ton esprit formant à sa suite le ruban de nacre d’une vérité qui était éparpillée partout en fragments que tu ne savais pas lier. La plupart du temps n'être rien et s'en contenter.

 

 

 

 

 

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19/06/2020

Rêve de


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...
colliers blancs de stellaires
au toit nu de sa chambre.

 

 

 

 

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...
rives fleuries pour de longues parties de pêche
au bord de l’eau du ciel.

 

 

 

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...
belle prise et lampée de sève
à la dérive.

 

 

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...
belle prise à l’ambre ainsi longuement
parfumée.

 

 

 

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...
transmutation du soleil en esprit
du soleil retrouvé.

 

 

 

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...
théâtre d’or, du grand siècle être
le souffleur.

 

 

 

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...
carnaval soyeux et grimaçant dans l’ombre
qui vous aiguise.

 

 

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...
l’éternel voyou qui s’enfuit vers l’inconnu
en riant.

 

 

 

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Rêve de
miettes aux oiseaux le bon air les choses faites
un mendiant.

 

 

 

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...
l’empreinte du loup que l’on ne verra jamais,
ce qu’il sait.

 

 

 

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...
gaillard d’avant, soupe épaisse et chansons,
l’autre monde.

 

 

 

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...
l’éclat magnésique sur une Guérande morte,
l’impatience.

 

 

 

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...
l’âme trempée d’un destin infime, au dessein aimant,
dans la clameur d’un thrène.

 

 

 

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...
pinceau dans la coupelle, au glissement sur le papier
quand la vérité surprend.

 

 

 

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...
l’inquiétude animale avant l’orage, la paix puis l’appel
d’une voix brûlante.

 

 

 

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...
bain de lait – un lait chaud dans un bol, en offrande
pour l’âme dépecée.

 

 

 

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...
manteau de bure, humus et verdure pour toquer à l’antichambre
avec l’aurore.

 

 

 

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...
la halte nombreuse, aux herbiers aux fossiles aux ornières
trouver le temps.

 

 

 

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Rêve de
l’enfant qui joue dans la poussière, bille en tête – un rien l’amuse –
jusqu’à quand ?

 

 

 

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...
réminiscences, correspondances – tressaillir à la lumière des formes
qui accomplissent.

 

 

 

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...
la visite attendue vers cinq heures – peut-être tous les jours –
au loin entendu la micheline.

 

 

 

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...
bruissements, tintements, instruisant de mystère l’inquiétude
jusqu’au détachement.

 

 

 

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...
matin ensommeillé, la conscience en bourgeon s’en remet à ses sens,
aux braises sous la cendre.

 

 

 

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...
la pluie d’été sur mes épaules – le parfum pour rien – après la bataille
dans le paysage.

 

 

 

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...
l’heure la plus haute – la nudité pour une reine ou une va-nu-pieds –
exposant sa faiblesse.

 

 

 

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...
trouver la verdeur des ombrages dans l’écrin des indifférences
feintes.

 

 

 

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Rêve de
carton, motif, écheveaux de couleur et avec ça tenir tête
à la couronne.

 

 

 

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...
promenade dans la brume, la glace ou la rosée, pour toutes les connaissances
de la soif.

 

 

 

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...
la grande fraîcheur du linge que l’on renouvelle au front brûlant,
la raison d’être là.

 

 

 

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...
voyage à 京都市, Kyōto – l’attente aiguë de la moindre diérèse à ce nom –
et l’aise alors comme une ombrelle.

 

 

 

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...
fruit de la confidence, plus tard au vif avec les mains
dans l’eau ardente du silence.

 

 

 

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...
l’attention détournée du chemin par l’attention accordée au chemin,
tout l’inconnu du familier.

 

 

 

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...
l’imprécision qui tourmente, le mot sur le bout de la langue,
l’obstination.

 

 

 

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...
vertige dansant des lettres, sous la lumière verte à la bibliothèque
la suggestion du non-agir.

 

 

 

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...
costume-trois-pièces, mannequin sérieux comme personne
jusqu’à l’éclat de rire.

 

 

 

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Rêve de
l’alexandrin mémorable, la partie pour le tout et les jeux de l’esprit,
ces nécessités secondaires.

 

 

 

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...
voyage en échelle, grenier à fruits, canopée, nid du temps
de ces mots qui tiennent, détiennent.

 

 

 

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...
jardin de l’émeraude ou du détail d’un puzzle pour penser
la nature des liens.

 

 

 

 

encore des jours 39.JPG

 

 

...
regard sur la crudité des heures, au paradis, à Montfaucon,
le cœur léger.

 

 

 

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...
bon matin la page ouverte au hasard, le doigt pointé au hasard
du croquant d’un aphorisme jusqu’au soir.

 

 

 

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...
la complexité de l’être devenue aimable à ses défauts mortels,
en une sagesse.

 

 

 

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...
choses entrevues ou dérobées, fichées dans la mémoire
aux germes inconnus.

 

 

 

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...
falaise, schiste, rocaille, figuiers de barbarie qui rejouent
l’énigme de l’abondance.

 

 

 

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...
toutes choses faites en un jour, la nuque abandonnée
pour le salut aux immortelles.

 

 

 

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Rêve de
muguet repris en forêt, du sang frais sur la neige et le rire alors
de Vincent Van Gogh.

 

 

 

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...
calcul différentiel, optique quantique, cryptogrammes complexes enfin éclaircis
dans une solitude réfléchie.

 

 

 

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...
la lecture émue d’un vieux document, le traité des origines ou une maxime
sur une poutre chez Montaigne.

 

 

 

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...
demi-sommeil sur l’anticlinal, tabis de soie, coquillage, tout pour prêter l’oreille
au temps.

 

 

 

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...
carré d’herbe pour les lapins, poétique du manguier, valleuse perdue
où ne pas passer son chemin.

 

 

 

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...
trouble et calme comme une impression de déjà-vu qui se joue
sous le pied du funambule.

 

 

 

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...
juillet, les moissons que l’on pèse, le vin, le cycle des saisons
et puis le sel comme l’amertume.

 

 

 

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...
petit mausolée – de campan vert ? – qui se rappelle à vous, aussi bien les lavandes
en quelques mots laissés.

 

 

 

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...
la citadelle autour du fragment – le premier feu, des rires dans la cuisine –
qui s’anime de toute une mémoire.

 

 

 

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Rêve de
détails qui clochent, histoires lacunaires, obscurités du sens,
ces loups familiers de l’esprit.

 

 

 

 

encore des jours 55.JPG

 

 

...
quel grand feu pour faire la lumière sur les événements, sourire à l’avenir
toujours en embuscade.

 

 

 

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...
prodromes, passages comme états intermédiaires, ainsi nommés par l’explorateur
nommé par la Reine.

 

 

 

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...
délicate courtoisie dissimulant fêlures et pensées secrètes, être la main tendue
à l’esprit de l’escalier.

 

 

 

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...
mélange des genres, heureux par nature, possible par culture
– lors de certaines conversations.

 

 

 

encore des jours 59.JPG

 

 

...
mikado sensible des évidences et des grandes simplicités exhaussées
par l’attention.

 

 

 

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...
la porte de sa grange toujours ouverte pour les hirondelles, du temps, de l’abri, 
d’une migration, ce qui reste.

 

 

 

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Rêve de
mener grand tapage de fête et rituel d’incantation très beau
au bois dormant

 

 

 

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Rêve de
signes secrets, encoches mystérieuses, peut-être la mémoire 
de caresses divines. 

 

 

 

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Rêve de
l’hiver à sa fenêtre – hiver langue statique –  au coude à coude
avec la cérémonie de la nuit.

 

 

 

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Rêve de
langue du désert – silencieux comme un bréviaire – où pour une inquiétude,
est la quiétude d’un rien.

 

 

 

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Rêve de
génie en son verger, ce qu’il sait – un pépin, une feuille dans sa main –
comprend même le ciel.

 

 

 

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Rêve de
la musique verdie qui se joue au-dessus des mausolées, il l’aime
elle le rassure.

 

 

 

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Rêve de
la nature trouble des sensibilités vaudous, glaçantes, brûlantes, l’œil terrible
sans preuve.

 

 

 

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Rêve de
l’anamorphose du paysage, promesse des jardiniers soucieux qu’inspire
la sagesse. 

 

 

 

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Rêve de 
la conscience de la lisière comme état dominant de l’un à l’autre, symbiose, inépuisable
au toucher.

 

 

 

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Rêve de
l’immobilité consentie dans le silence du bord des eaux, la surprise qui est un oiseau, l’attente
un couronnement.

 

 

 

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Rêve de
bon matin, sur l’autel des mécaniques célestes se trouvent déjà les cendres
du mépris.

 

 

 

 

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Rêve de
sourire des bâtisseurs quand domine un puissant parfum de bois – c’est bon signe 
disent-ils – à l’air libre.  

 

 

 

 

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Rêve de 
bohème – aux heures sans origine ni pour quoi –  goûter d’amour & d’eau fraîche
le jeu clair, un grand trouble.

04/07/2019

Ronde d'éclats

Des prés, des champs, des chemins sous les arbres
c’est dans cette banalité de paysage
– le regard assoupi d’être maître à l’usage
et la sensibilité, accoutumée –
qu’un oiseau rare, passager, fait empire
de ce que l’on ne se savait plus posséder.
Tout à coup avec lui des fêtes sonores
s’élèvent un peu partout dans la verdure
on y court, il n’y a rien, un calme de mercure,
nulle fête mais alors qu’elles reprennent,
– présences invisibles elles s’honorent
d’être stridentes, rituelles, étranges étrangères –
l’on attend, et ce sera toujours en vain,
le tremblement présageant la beauté ;
des stigmates pour en témoigner, il n’y a
que son apparition à l’esprit dans la banalité.
Les rossignols sont revenus.

 

Marcela Delpastre, un nouveau livre.

De celui-ci aussi il faut couper les pages. 
Que vous en semble, Delpastre ? 
vous qui vous êtes rendue morte à la terre vivante au temps
de ce geste que je vais répéter dans l’épaisseur
pour lire vos mots il faut manier la lame une habitude
tout à l’heure coupant vos pommes de terre
— ô furieuse sensuelle de la terre au papier —
c’est le même geste, sûr, mais plus féroce
plus désireux rien que pour vous
et quand parfois il y faut plus de force
(fendre une double épaisseur qui résiste)
c’est comme d’un muscle crème fendre la peau
ainsi qu’il vous plairait faire jaillir gicler
pour m’embraser de vos mots.

 

 

 

Bercer son enfant dans l’ombre,
le présage de sa cité en ruine,
le front femelle tout à coup baigné d’une fraîcheur
de lierre et d’oranger
quand le regard d’être blessé
aux voltes d’un lin soulevé par le vent,
on sait encore rêver d’une chaconne.

 

 

 

 

Il y a de petites braises dans la rosée.
Il n’y a pas de petites braises dans la rosée !
Cette minute de vie échappée au lointain
existe dans le feu
d’une eau glacée à ma cheville,
il n’est que de la dire.
La griffure d’une ronce un fouet,
elle venue du lointain pour rappeler
que les temps ne sont jamais sûrs.
Et l’homme des répétitions, ou ange ou bête
tremble.
Puis je disparaîtrai.

 

 

 

 

Il y a des antres qui regorgent d’attentes
des capharnaüms à ventre de baleine
aux harmonies Werckmeister le baiser vrai qui dure
armoires pleines de pots de grès pleins de clous de Paris
pour le vertige au bord des mots
nous dirons le châlit (le soir violet d’ombre)
convoité au souvenir d’un dais de verdure
entre Camargue et Provence
et de ce qu’il s’y passa [un plaisir] superposer le principe
— le plaisir, un principe, le plaisir ?
je ne sais pas et le dais était de fleurs
car l’amandier, en principe, intriguait déjà.
De quel bois le châlit ? d’être violet d’ombre le soir.
Mais quel plaisir à toujours retarder de dire je veux ?!
Il y a des ventres qui regorgent d’attente.

 

 

 

 

C'est un peu comme arpenter les quais de Brooklyn
sans y être ni les avoir jamais vus, d'attendre
l’on vagabonde.

 

 

 

 

Un angle de granit où un mystérieux anneau
s’écoule en un bandeau de rouille dans la pierre.
La couleur est aussi la source,
latérite une amoureuse tropicale,
le goût du voyage à perte de vie,
latérite saigne de n’être pas restée
cachée sous la forêt tropicale mon amour.
Ou : incendie rituel de la corde menant
à l’anneau qui ferme le tombeau, emmuré.
Il y avait quelque danger à y grimper,
peu de fissures entre les pierres font
une sandale perdue,
le pied longtemps tremblant.
La mort ne se fait pas à la beauté dure de nos histoires.

 

 

 

Saint Front, en plein bois un redan de calcaire
imposé d’une chapelle à l’aplomb de la rivière,
son cimetière est clos, révolu, pacifié
parfaitement narquois
avec des encoches versifiant au marbre
d’élégants fantômes, des outragés sans nom
peut-être des putains ; tous avaient sûrement croqué
dans des pommes vertes, léché leurs doigts.
Quelques cadavres là-bas en bas au fil de l’eau
n’auront jamais troublé ce beau jardin de mousse
non plus que tari la source du Sancy.

 

 

 

 

 

 

Patente


Des noisetiers, des cristaux gris bleu,
les romans maritimes
et des encens précieux
aux pieds des forteresses de ce temps ;
derrière leurs murs on torture, on viole, on assassine.
Arrachage (de l’ongle, cette humanité)
puis reproductions, tout est possible
on sait faire séquençage à foison de si belle technique.
Vous m’écrirez bien un petit bonbon à la menthe violette maintenant ?
et surtout tuez-moi sur le champ.

 

 

 


Voisins, ils avaient
le regard voleur et l’attention perchée sur
l’homme nouveau, sa gravité de corps céleste.
Son même pas lent, au cap toujours tenu
de la navette à l’eau, l’arrosoir dans
le jardin tissé bruissant d’une grande ombre
ajourée de portiques. Des passages,
du vert, le vent. L’ennui s’en vint.
Le temps passait. Des portes de bronze
s’ouvrirent tout à coup et fleurirent des loups
dans leur existence frileuse de fausse filoselle.
Mais ils étaient déjà morts.

 

 

 

 


Ciel d’orage, j’entends et je plains
les échos et les mesures
de leurs peurs
des joies dans le silence,
il tonne très fort
je ne dormirai pas, mais où dormir quand
c’est un temple que l’on garde.

 

 

 

 

Brouillon de langage en argile
mouillée dans de longues sentes chuintantes
en séquences longuement martelées, rien de fragile
dans la répétition un effort inouï pour marteler la forme
dans l’argile mouillée ses séquences une saoulerie
où comprendre
— se faire comprendre tient presque à une illusion
d’optique
brève, brave, encore
jusqu’au bouillon où plus rien ne se connaît
dans ses yeux ce malheur
déjà,
quand l’effort de l’être tout entier
se faisant violence pour s’approcher
doit accepter
déjà,
la confusion d’être au tout-puissant caché.

 

 

 

 

 

Un jour, même les pics lointains
se firent nos amis dans l’âme.
Le ciel avait changé, le ciel
vide dominait, occulte, insinuant
et chacun se sentit proche du plus lointain,
tout ce qui du fragile ou du cataclysme
se faisait des signes de vie.

 

 

 

 

 

Il y a une chouette effraie amie sur ma route
noire, elle, blanche, ponctuelle selon un ordre
cosmique, reine d’attente et de chasse inouïe
elle s’offre à ma vue, minuscule, détonation
quand elle s’envole disparaît soudain
éclose dans le silence de la nuit.
Je suis inutile sur ses terres blanches
mais ponctuelle à ce lieu d’admiration.
Mon temps se piège au goût de l’immuable.

 

 

 

 

S'ensuit la punition de Dante Alighieri
dont le livre au grand jour est une énigme
selon un attachement dans l’ordre des Hommes
à l’œuvre. Apprendre à lire ou passer son chemin
au fond du puits commun.

 

 

 

 

Au plus loin d’un œil vivant
sont seuls nos propres confins galactiques
peuplés familièrement de nos noms
Io, Callisto, Europe et Ganymède
dans le silence que se partagent
la faiblesse et la force d’âme.
Danse, recommence
au plus loin d’un œil vivant.

 

 

 

 

La mise à sac, le déluge ou l’abattement
observés d’un œil alerte. L’autre enchante
le pas su avant toute chose, 
aimant innocemment.

 

 

 

 

 

La gloire répugne à la petite chose.
J’ai un bol de porcelaine très blanche
est-elle fine, un bord est ébréché, coupant
j’y agace ma lèvre qui ne veut pas parler
il y a dedans une libellule peinte
offerte au toujours d'une eau pure en couleur
avec fleurs, pour leur seconde et dernière fois.
J'y songe quand je me baigne heureuse de fatigue.

 

 

 

 

Les deux écoles,
celle où l’on cueille et l’autre pas,
se dressent temple et académie
au-devant de ma main laquelle décide
du règne extérieur qui fait école dans nos maisons.

 

 

 

 

I
C’est le vent qui rend fou que je regarde,
le vent, son bruit énorme qui couvre les mots,
de l’air en rafale les arrache de la bouche
et les éparpille, c’est ce qui rend fou,
l’altération, être muet ou devoir crier
pendant des jours son mauvais texte, exagéré,
les faux dialogues révélés, acteurs, pantins.
Les banalités dites aussi fort qu’un danger,
en rire un peu mais trois jours avec ce vent violent
six jours à sortir de soi, ce moi familier.


II
Le vent a soufflé sans faiblir toute la nuit,
que faut-il croire des fous, au matin
disant les chocs aux élingues, aux volets
une houle de fond de cale, les craquements,
puisqu'ils ont tous un fortin dans les terres.
On peut bien savoir comment naît le vent
et avoir au matin le teint de suie,
ou la mine d’un désagrément bizarre
bougies allumettes prévues, dire l'ennui
de n’avoir pu fermer l’œil est-ce le phare
le passionnant raffut
ou la peur atavique ?

 

 

 

 

 

 

 

 

30/08/2018

Réversibilité

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16/10/2015

Roméo

Roméo est un jeune-homme un peu particulier qui doit peut-être beaucoup à son prénom qui est celui de son père, de son grand-père et ainsi dans la lignée masculine aussi loin qu’il a pu remonter dans les archives. Tout petit enfant il avait assez vite su qui de son père ou de lui devait répondre à ce prénom à la façon dont il était prononcé par sa mère (tout en voyelles ronflantes autant que joyeuses pour l’enfant, presque uniquement blotti dans la dernière syllabe pour son mari). La curiosité des choses de l’esprit lui vint brusquement quand un jour c’est son grand-père qui fut appelé Roméo par un autre vieil homme qui ne prêta nulle attention à lui, enfant blotti contre la cuisse du grand-père, l’homme qui crocheta son grand-père avec une familiarité rugueuse, s’exclamant aussi fort que possible : Roméo ! L’enfant qu’il était sembla naître à la question la plus fondée du monde : pourquoi ? Il ne l’exprima pas, mais la roche était fracturée et il y pénétra. La première réponse était dans le dictionnaire (l’homme avait un autre nom de famille), qui ouvrait sur de nouvelles interrogations. À mesure que Roméo apprenait, il devenait plus taciturne, appliqué à comprendre en gardant tout de cet effort et de ses inquiétudes car personne autour de lui ne faisait mine d’être effrayé par son propre parcours intérieur. 
Il nous quittera bientôt dit son père qui le regardait charger des sacs de plâtre, ce qu’il faisait sans plaisir ni déplaisir apparent non plus (les vacances commençaient, aider son père était dans le cours des choses). Il prendra le temps dit sa mère à la suite. Tous deux voyaient en leur garçon la même apparente évidence qui était à leurs yeux l’expression d’une raison cachée, mais claire et simple : leur garçon au fond allait bien, sa vigueur, ses belles épaules, le cadeau de sa figure avenante combinaient une image qui ne trompait pas ; au contraire, il serait bon et bel homme (chaque été forçait un peu sa pudeur ; on voyait, alors),  Roméo serait celui qui aurait su nourrir cette éclosion visible d’une force intérieure dont ils respectaient la source secrète. Dans sa glace Roméo ne cherchait qu’à vérifier qu’il n’avait pas l’air tourmenté. 
Le père de Roméo lui, s’était bien nourri d’une blessure secrète pour élever son fils : jeune homme (un peu trop éméché et trop sûr de lui) sur le point de forcer une jeune fille, mais elle, qui était vive et sûre de pouvoir attendre un lit profond plutôt qu’un recoin sombre dans un couloir isolé, elle vrilla entre ses bras et lui décocha un violent coup de coude dans la mâchoire. Il avait dessoûlé très vite, pris conscience tout aussi vite et cela avait eu une puissance phénoménale dans son esprit, le dernier clou de son éducation planté directement à la tête. Roméo avait donc reçu de son père au fil des années quelques sentences à différents sujets, les yeux dans les yeux ; à la fin son père lui disait : va maintenant. Souvent c’était lorsqu’ils étaient tous les deux sur un chantier, et ce va maintenant consistait à ficeler les affaires de leur déjeuner pris au petit bonheur des lieux et ensuite le regarder travailler. Son père tirait du plâtre une parfaite surface blanche et cela le fascinait, mais seulement tant qu’il parvenait à limiter son regard à la parfaite surface blanche car s’il élargissait à l’ensemble, il se voyait à nouveau au milieu du désordre d’une maison méconnaissable sous les bâches des travaux, et c’était à l’image du désordre redoutable de son esprit, sans l’aisance qu’avait son père pour, ça et là, obtenir le repos des choses aplanies. C’est dans les encyclopédies puis maintenant dans les livres qu’il cherchait à reconnaître la nature qui l’habitait. Il se crut quelques temps très proche des stoïques mais cependant des romantiques aussi.
L’été de ses dix-huit ans, il prit la direction de Vérone où il pensait s’approcher au plus près du foyer incandescent de son prénom afin d’en retirer les couleurs originales, mais c’était si puéril. Il s’ennuya beaucoup, renvoyé d’un tableau à une représentation à une autre image dans une ville qui ne lui disait rien. Il partit le soir même pour Trieste d’où sa famille paternelle était lointainement originaire, il savait même dans quel quartier se rendre. Mais là, personne ne se souvenait de sa famille ni de la succession des Roméo. Il partit à Rome où il ne fit que parcourir des rues en tout sens, Trieste puis Rome en tout sens jusqu’à ce que le dédale des rues s’organise quelque peu dans son esprit, après quoi l’expérience physique du labyrinthe montra une nouvelle fois sa cruelle limite. Il s’ennuya à nouveau, de cette langue qu’il comprenait mais qui ne lui apporterait rien parce qu’il avait déjà compris qu’il avait trop peu à lui apporter de lui-même ; d’être convoité comme d’être rejeté sans raison objective, incapable d’éclairer quiconque sur quoi que ce soit, ni lui sur lui-même. Alors il quitta Rome.
Il fut pris en auto-stop par un couple âgé pour qui il fut un heureux traducteur et garde-malade de leur petit-fils de six ans qu’ils emmenaient visiter l’Italie pour le consoler de son bras dans le plâtre. L’enfant s’ennuyait d’être tenu immobile, Roméo fut son porteur et tout s’enchanta. On décida de quitter le bord de mer pour aller visiter des jardins, puisque Roméo pouvait les mener loin dans les terres et se charger du garçonnet dès qu’il était fatigué. Chaque jour débutait de la même manière par une question : où allons-nous aujourd’hui ? et à chaque fois ils trouvaient. Au jour le jour pensa désormais Roméo. 
 
À la veille de se séparer, le mot demain lui revint à l’esprit, dans une épouvante jamais ressentie auparavant. Roméo qui, si jeune, se montrait d’humeur si égale, était troublé, le grand-père s’en aperçut. À l’heure où l’enfant faisait la sieste, il chercha et trouva Roméo assis sur le parapet. C’est assez haut lui dit-il du ton le plus neutre possible. Roméo répondit très vite, certain d’avoir été compris : ce serait assez haut, oui (et il se pencha vers l’avant pour mieux voir). Le grand-père mit brusquement toute sa vigueur à ceinturer le jeune homme et le tirer en arrière en un clin d’œil, et puis il lui flanqua une gifle : ah non ! lui dit-il, pas de ça ! Pourquoi tu fais ça ? Il n’avait rien à dire mais beaucoup à pleurer, ce qu’il fit dans les bras du vieil homme. Mon garçon… mon garçon… répétait le vieil homme pour l’heure désemparé.
Roméo avait eu le temps d’avoir peur, car s’il n’avait pas voulu se jeter dans le vide, il y pensait parfois, et la panique de quelques secondes qu’il venait de vivre en ayant été jeté à terre par surprise fut pour toujours la réponse absolue à sa vaine volonté de savoir ce qu’il aurait éprouvé à cet instant s’il avait eu le courage de…